Mardi 18 octobre 2022, par Chloé Clemens

D’autres vies que la mienne

Une reprise dans la nouvelle salle de théâtre de la Tricoterie. Des murs de briques entourent un plateau en bois simple. Autour, se dresse un arc de cercle, en hauteur. Les sièges sont confortables, l’acoustique, bonne.

Ce soir se joue d’Autres vies que la mienne, une mise en voix basée sur le livre d’Emmanuel Carrère, portée par Stéphanie Van Vyve et Xavier Campion. Dans une scénographie dépouillée, le duo parcourt des vies qui se croisent, des traumatismes enfuis. En jeu : une survie prenant le pas sur la vie qui pousse à rester vivant.e.

Le ton grave se faufile entre catastrophes naturelles et drames familiaux, les malheurs se confondent, parfois un peu trop. Les acteurs jouent plusieurs personnages sur un plateau nu, éclairés par une lumière crue. Ils peuvent être n’importe qui, c’est ce que disent leurs costumes quotidiens et passepartouts : du velours et des carreaux.

Ils sont amis, frères/sœurs ou amants, issus d’une foule, de ce brouhaha au travers duquel des histoires passent, par-delà le bruit. Tout au long de la pièce, la tension plane et se dissout dans ces voix qui se multiplient. Les acteurs changent leurs intonations, ajoutent des accessoires, jusqu’à ce que la multitude devienne une, se transforme en un souffle pris dans cet ouragan qui passe et qui emporte tout.
En arrière-plan, c’est leur espoir qui file.

Le texte est efficace, il se reçoit sans peine. Pourtant si proche de nous, il nous met à distance, nous invitant à changer le regard que nous posons sur nous-mêmes et sur tous les autres.

Mais quel est donc ce lien qui les lie ? Celui de la souffrance universelle ? Peut-être.
D’Autres vies que la mienne est une ode à l’espoir, à la vie qui traine derrière ce qui ne se maitrise pas, déposée sur la scène de façon simple et profondément humaine.