If Only

Bruxelles | Théâtre | Théâtre Les Tanneurs

Dates
Du 10 au 13 mars 2020
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Les Tanneurs
Rue des Tanneurs, 75 1000 Bruxelles
Contact
http://www.lestanneurs.be
info@lestanneurs.be
+32 2 512 17 84

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If Only

Nous vivons dans une époque où nos actions et leurs conséquences ont été scientifiquement et éthiquement examinées. Nous avons pris conscience que nos modes de vie ne sont pas durables et que notre culture nuit à la planète. Non seulement à la nature mais à la société-même et à l’être humain. Ce constat et l’état dans lequel il nous met marquent le point de départ de la quête chorégraphique et dramaturgique.

Dans cette nouvelle création de ZOO/Thomas Hauert, le doute, l’hésitation et une notion de vulnérabilité plutôt qu’une maîtrise volontariste et assertive donnent le timbre au mouvement : un travail minutieux sur la présence des corps sur scène oscille entre apparition et disparition, entre la nécessité de communiquer et le repli intérieur qui éteint tout rayonnement et avale toute connexion.

Distribution

Concept et direction : Thomas Hauert
Créé et interprété par Thomas Hauert, Liz Kinoshita, Sarah Ludi, Federica Porello, Samantha Van Wissen, Mat Voorter
Danseur remplaçant : Gabriel Schenker
Musique (en cours) Thirteen Harmonies (1985), John Cage
Lumière : Bert Van Dijck
Son : Bart Celis
Costumes : Chevalier-Masson
Scénographie : Bert Van Dijck, Chevalier-Masson, ZOO

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Jeudi 12 mars 2020

Slow danse désenchantée

Le chorégraphe suisse Thomas Hauert présente aux Tanneurs une nouvelle création dépouillée marquée par le doute, le regret et une forme de vulnérabilité. « If Only » évoque les traces du passé et une forme de repli intérieur face à un avenir qui s’estompe.

Le plateau est presque nu. Des structures filaires jaunes pendent du plafond, deux hauts parleurs sur chariot, des femmes, des hommes, immobiles dans la pénombre. Des voix échangent des instructions sur fond de violon (Wietse Beels) et clavier (Lea Petra) qui cherchent à s’accorder. Dans le silence qui s’impose, les gestes des danseurs sont doux, sobres, hésitants. On entend le bruit d’une page de partition que l’on tourne, la musique vient, un haut parleur se déplace. Les mouvements à peine ébauchés, comme suspendus dans leurs élans, sont pourtant réels, les danseurs semblent amorphes, sans énergie. Le déplacement des hauts-parleurs provoquent l’agitation des structures modulables jaunes, elles s’ébrouent comme porteuses du souvenir d’une vitalité disparue.

« If Only », de Thomas Hauert, s’inspire d’un morceau de John Cage, « Thirteen Harmonies », adaptation pour violon et clavier de la partition de « Apartment House 1776 ». Cette œuvre, composée pour la célébration du bicentenaire de l’indépendance des États-Unis, assemble des pièces chorales de compositeurs coloniaux dont il manque certaines notes, comme pour gommer des épisodes d’une histoire pas toujours glorieuse. Les fragments des compositions originales surnagent dans un océan de silences mystérieux comme les vestiges, les dernières traces d’une histoire dont le sens n’est plus évident.

La découverte de cette œuvre a provoqué chez Thomas Hauert un sentiment, émotionnel mais réel,de malaise inspiré par une époque qui, crises écologique, économique, migratoire et politique obligent, a des relents de fin du monde. « Dans ’If Only’, on se laisse envahir par cet état très sombre qui ôte toute envie de danser », dit le chorégraphe dans une interview. C’est un sentiment désenchanté qui l’a guidé dans ses recherches mû par un besoin de ralentir la cadence pour se réapproprier le temps et explorer d’autres formes de présence, dépouillées, apparemment sommaires, qui ne cherchent pas à séduire à tout prix.

Les corps affranchis d’une obligation de performance évoquent les souvenirs des danses précédemment créées par la compagnie. Ceux-ci restent toujours dans la mémoire et dans le corps de celles et ceux qui les ont interprétées comme le gage d’un instinct de vie préservé. Tout semble déstructuré et pourtant ces réminiscences de danses passées ont fait l’objet d’une écriture minutieuse du mouvement et sont portées par la force de ces gestes désabusés.

Didier Béclard

Théâtre Les Tanneurs