Vendredi 29 mars 2013, par Palmina Di Meo

Corps machinal - Imagination infernale

Chair et matière s’unissent pour un ballet étrange où les corps deviennent outils, où la matière devient vivante. Dans l’univers de la machine, le silence est rompu par un martèlement qui s’amplifie au rythme de la production…

Deux tables, deux fauteuils roulants, deux acteurs et la mécanique s’enclenche. Symphonie de gestes répétés, transformation de la matière, communication stéréotypée, Sébastien Chollet et Bruno Marin réalisent une prouesse corporelle, d’une technique implacable, sur le monde du travail et son emprise sur l’homme.

Le show visuel qu’ils proposent captive, emporte l’imaginaire au bout du fil de leurs mouvements. Combats dansés, mime, jeu contorsionniste... Avec une économie de moyens qui frise le néant, on les voit devenir robots, tubes cathodiques, navettes spatiales, vers à bois ou autres selon votre humeur. Ils s’improvisent présentateurs, personnalités politiques. Presque une heure de combat entre les comédiens et leurs accessoires, de mutations hybrides, de compétitions et d’affrontements, où leur jeu s’accélère jusqu’à l’hystérie pour couler vers le ralenti cinématographique.

Soudain, le cercle infernal explose et se disloque. La rupture, inattendue, survient au point de saturation donnant libre cours au chaos. Un nouvel univers prend forme, plus humain, et l’imagination repart…

Spectacle peu commun, Cosmic Robota envoûte par l’absence de temps morts ainsi que le jeu concentré et chronométré des comédiens. Aidés par une bande sonore qui dramatise par endroits, nous restons suspendus jusqu’à la fin au modelage des mondes systémiques que les comédiens nous proposent. La dramaturgie discrète et efficace de Claire Diez et les mouvements rigoureux et précis d’Aude Cartoux font de Cosmic Robota une production "alien" qui ravira tous les amateurs de performances théâtrales.

Palmina DI MEO