Une grande boîte à tiroirs fait office de décor, proposant un lit, une fenêtre, une porte ou même un fleuve. Pilier central de la mise en scène, elle ne manque pas d’originalité. La robe suggestive de Ruth (Cécile Delberghe) stigmatise l’attention et peut être considérée comme décor secondaire (!). Car enfin, quel homme pourrait succomber aux charmes prometteurs de la belle pianiste ? Pianiste ? Mais l’est-elle réellement ? Naïvement, Yaacobi se laisse berner jusqu’au mariage, au cours duquel Leidental s’offre en cadeau. La délicieuse absurdité rationnelle des propos de ce dernier est particulièrement succulente : « je n’ai pas besoin de moi, vous pouvez me prendre sans aucun scrupule ». Ruth décide de saisir l’occasion, elle pourra certainement s’en servir. Et inévitablement, « tout commence à s’obscurcir ».
Malgré un rythme très soutenu, une magnifique Cécile Delberghe à la voix chaude et sensuelle, très bien entourée des talentueux Gaël Soudron et Pierre Poucet, le spectacle ne convainc pas entièrement. Comme si on était au cabaret mais qu’il manquait une partie du repas. Un petit goût suranné se dégage de la mise en scène qui ne parvient pas à combler l’évidence de l’issue du récit malgré les nombreux questionnements sous-jacents (quête du bonheur, sens de la vie, importance du physique ou notion de désir). Un spectacle de septante-cinq minutes qui inaugure la deuxième salle du théâtre des Riches-Claires, située au 3ième étage du bâtiment. Gageons que ce divertissement soit le premier d’une longue série !