Lundi 14 mars 2016, par Catherine Sokolowski

Choix impossible

La bisexualité n’est pas un sujet fréquemment abordé par le théâtre. Caroline Taillet, jeune metteuse en scène belge, s’y attelle avec beaucoup d’enthousiasme et de plaisir dans ce spectacle basé sur son vécu, suite logique d’un mémoire dédié à la même cause. Quatre comédiens alternent les rôles de 20 personnages, de papa, maman, ils passent à copain et copine, petit ami et petite amie à la vitesse de l’éclair. Et ce sont d’ailleurs cette vitesse, ce dynamisme et cette fraîcheur qui sont les qualités principales de la pièce.

Incompris, les bisexuels ne sont reconnus ni par les hétéros ni par les homos. La bisexualité pourrait, à la limite, être vue comme une phase temporaire : “... t’as fait tes petites expériences... mais à un moment faudra quand même savoir ce que tu préfères.” Caroline Taillet s’insurge contre cette idée de transition fort répandue et tente d’expliquer sa vision des choses de manière très imagée, parfois presque enfantine (dispute entre le rose et le bleu qui tous deux tentent de s’accaparer Anna, bisexuelle hésitante). L’humour est toujours présent, il s’agit de dédramatiser un sujet qui est déjà suffisamment tabou.

Victimes de préjugés, ignorés ou rejetés, les bisexuels n’ont pas la vie facile. Caroline témoigne, au travers de ce spectacle, de sa propre expérience, depuis son enfance, de ses premiers émois mais aussi de ses doutes : “j’ai pas fait un coming out pour refaire un coming in, merde”. Une contribution en forme de message positif, sans agressivité, sans rancune, dans un langage contemporain et accessible. La compréhension comme moteur d’acceptation, avec un côté juvénile accentué qui contraste avec le sujet habituellement réservé aux adultes. Cet alliage surprend mais devrait convaincre les plus jeunes. Caroline apporte sa pierre à l’édifice de la tolérance avec ce spectacle orienté ados, gageons qu’ils suivront !

Catherine Sokolowski