Dimanche 31 janvier 2016, par Catherine Sokolowski

Chevaux fous

Reprise de son immense succès mondial de 1999 par Wim Vandekeybus avec une toute nouvelle distribution, “In spite of wishing and wanting” est beau, poétique, puissant voire survolté, riche. La magie de la danse est entrecoupée de dialogues et de vidéos (récits de Julio Cortázar, courts-métrages du chorégraphe). Quelques touches d’humour parsèment cette œuvre magistrale et pour couronner le tout, la musique de David Byrne (fondateur des Talking Heads) envoûte définitivement.

Le spectacle débute sur une séquence hippique, “Horses”, qui met en scène une dizaine d’étalons déchaînés évoquant la liberté, la fougue et l’énergie. Ce moment est inoubliable. Bientôt suivi par une ronde d’hommes en jupe, sorte de derviches tourneurs revisités, qui subjuguent par leur beauté poétique et leur grâce lyrique. Il y a aussi le passage de flambeaux (échanges de lampes de poche) sur une scène rendue obscure, les danses martiales qui réinventent les combats, une grande place laissée au rêve et au sommeil évoqué sous une pluie de plumes blanches, des références aux animaux, singes, poissons et autres oiseaux, comme une envie de dépasser les normes et pourquoi pas… de s’envoler ?

C’est effectivement le cas, “In spite of whishing and wanting” permet de décoller, de s’extraire du quotidien et de dépasser les limites. Malgré la fureur ou la violence de certains passages, la chorégraphie dégage un élan positif, l’idée que demain sera une nouvelle et belle journée. Tout ceci dans un univers exclusivement masculin. Un pari réussi qui ajoute une sorte de fraternité particulière à cet ensemble très énergique. Et comme la douceur et la sensualité s’offrent également une place de choix au sein de chaque séquence, on ne peut qu’écrire : à ne pas manquer.

Catherine Sokolowski