Mardi 27 septembre 2016, par La rédaction

Ces petits lieux qui nous aiment

Les « Petits lieux », créateurs de création, vous les connaissez à Bruxelles ? Sûrement que les noms suivants vous évoquent quelque chose : L’Arrière-scène , L’Atelier de la Dolce Vita, Le Cabaret aux Chansons, La Ferme de la Dîme, Le Théâtre de la Flûte Enchantée, Le Jardin de ma soeur, Le Petit Chapeau Rond Rouge, La Soupape, Le théâtre de Toone, qui n’est pas immense, et … Le Théâtre littéraire de la Clarencière ! Malheureusement, pour cette dernière petite salle nichée au coeur d’Ixelles, la belle aventure ne pourra continuer que grâce à vous, nous, eux.

Les « Petits lieux » de programmation culturelle, ce sont des initiatives privées d’intérêt général. Elles sont nées de l’enthousiasme d’un ou plusieurs passionnés qui ont mis leur énergie au service d’autres citoyens - spectateurs et artistes -, ces structures atypiques font partie intégrante du tissu culturel de la Communauté française. Celle-ci les reconnaît sous le vocable assez flou de « petits lieux de programmation ou de diffusion ». Ils sont pour les artistes des tremplins vers une reconnaissance à grande échelle et des occasions de tourner un peu partout, avec un cachet assuré. L’accueil y est particulièrement chaleureux, l’ambiance conviviale et la proximité favorise la rencontre. Le public - qui ne se rendrait peut-être pas ailleurs et qui dépasse de loin le public local -, se presse à leurs portes pour découvrir avec bonheur les « coups de cœur » de ces « passeurs de culture » et partager leurs émotions.

Ces « petits lieux » proposent une autre manière de vivre la culture et participent au renforcement du lien social. Les médias nationaux ne répercutent jamais leurs activités. Ces petits lieux ne disposent d’ailleurs pas de moyens promotionnels. Malgré les difficultés, ils réussissent à se maintenir parce qu’ils partagent une envie, un besoin : celui d’une culture à visage humain, loin de tout décor d’apparat, effet de mode ou manifestation de prestige.

Hélas aujourd’hui, pour l’un des acteurs majeurs de ce petit monde, l’humeur est sombre. Fabienne Goovaerts, directrice du Théâtre de La Clarencière, pousse un appel à l’aide : « Cela fait 17 ans que le petit théâtre accueille les jeunes artistes issus des écoles d’art dramatique mais également les compagnies qui souhaitent créer un nouveau spectacle. Nous œuvrons depuis toutes ces années avec passion pour maintenir la qualité et l’accueil dans des circonstances toujours difficiles avec un maigre budget ».

Depuis 4 ans en effet, le théâtre ne reçoit plus aucun subside. Fabienne Goovaerts a donc courageusement lancé sa campagne de Crowdfunding. Le but ? Faire participer toute personne gravitant autour de ce petit théâtre, toute institution solidaire, ou tout passionné de culture, au maintien de ses activités.

En tant que rédacteurs de Demandez Le Programme, nous qui promouvons tous les jours ces innombrables lieux d’enchantement que nous fréquentons pour vous, nous ne pouvions pas passer à côté de ce signal, ne pas s’en faire le porte-voix. La situation de La Clarencière nous montre qu’être un “petit lieu”, ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile. C’est parfois ramer à contre-courant par conviction que ce que l’on montre sur scène vaut tout simplement le coup d’être montré. Parce que c’est comme ça, qu’on y croit. C’est de l’engagement, avec tous les risques que cela implique.

Alors maintenant c’est à nous, publics, de choisir de mettre en avant ces lieux qui refusent de se mettre à l’abri. Défendons corps et âme ces endroits qui nous font rire, pleurer, frissonner, découvrir, rencontrer. Ils ne le disent pas, mais ils nous adorent. Rendons-leur cette reconnaissance. Crions sur tous les toits notre amour pour cette "culture de proximité", et nous lui permettrons peut-être de continuer à exister.