Mercredi 30 janvier 2013, par Karolina Svobodova

Ceci n’est pas un conte de fée

Uniquement basé sur le travail du son, « Michel Dupont » emmène les spectateurs dans un voyage sensoriel original. Dans une ambiance calfeutrée, assis en cercle sur des coussins, plongés dans un espace sonore élaboré, nous laissons notre imagination s’emballer. Mots, musiques et bruitages servent de point de départ à cette expérience rare et....perturbante.

Il était une fois et aujourd’hui encore, des princesses enfermées dans des tours et des jeunes filles enfermées dans des caves. Les histoires de princesses séquestrées afin de pouvoir être sauvées par des princes charmants ont bercé notre enfance et nous renvoient dès lors à des souvenirs heureux. On suit les aventures et périples des princes et on oublie un peu les pauvres princesses que l’on retrouve seulement lors de l’heureuse délivrance. Tout est bien qui finit bien, on peut s’endormir en paix. Ce n’est pas le cas avec la dernière création d’Anne-Cécile Vandalem. Dans “Michel Dupont” l’actrice, auteure et metteure en scène décide de nous emmener à l’intérieur et, au moyen d’un dispositif sonore complexe et efficace, de nous laisser seuls et enfermés avec elles.

A partir des contes et de faits divers, Anne-Cécile Vandalem tisse des récits qui s’entremêlent grâce à une voix de femme et à une voix d’enfant. La femme raconte l’histoire, la petite fille nous livre ses pensées. Les frontières de la fiction et de la réalité se font perméables, et, dans le noir et sans repères, l’expérience des spectateurs rejoint celle des héroïnes. Plongés dans le noir, entourés de son, nous écoutons. S’il n’y a pratiquement rien à voir, l’espace sonore nous fait voyager et remplit notre imaginaire d’images. Comme les petites filles laissées dans le noir qui, afin de s’évader et d’échapper à la folie, se racontent des histoires, les spectateurs construisent des récits et des décors au moyen de leur imagination.

Evitant l’anecdotique et le glauque, le spectacle se concentre sur la force de l’imagination qui seule permet de survivre à la séquestration. Pour qui n’a pas peur du noir, cette expérience est proposée jusqu’au 9 février au Théâtre National.

Karolina Svobodova