Lundi 15 octobre 2012, par Karolina Svobodova

Cachez-moi ce sexe que je ne saurais voir

Pour leur nouveau projet, la Clinic Orgasm Society se lance dans l’exploration de la normalité. Voulant tester de nouvelles manières de faire, ses membres se sont répartis en trois groupes de travail distincts, chacun produisant à un spectacle. « Pré » est le premier volet qui est montré au public. « La tragique histoire de Lala Ferrero » questionne la normalité sexuelle à travers l’histoire de cette pauvre fille au vagin énorme. Amusant.

Il était une fois une petite fille pas tout à fait comme les autres. Élevée par sa grand-mère, c’est à l’abri des autres enfants qu’elle passa son enfance et adolescence. Était-ce le monde qu’on cachait à Lala Ferrero ou Lala Ferrero qu’on cachait au monde ? À la mort de sa tutrice, les sens titillés par la découverte d’un livre de Sade, que tel un Barbe-Bleue, la mère grand gardait caché sous clef, elle s’en va découvrir le monde. Les hommes lui ouvrent leurs bras, les femmes la rejettent ; une affaire de phéromones, tout simplement. Le secret de Lala, c’est une vulve énorme. Si énorme que son odeur est irrésistible, si énorme que son premier amour la traite de monstre et s’enfuit. Avec son tamagochi pour seul ami, la vie de Lala s’annonce sans joie et pleine d’ennui.

Les thèmes qu’à travers « Pré » les comédiennes veulent explorer sont ceux de la normalité à travers le prisme de la sexualité. Quelle place le sexe tient-il dans notre société ? Suggéré partout mais lui-même visible nulle part, objet de toute les attentions et hantises à la fois. Le cas de la Vénus Hottentote nous l’avait déjà appris : en matière d’organes sexuels, la différence attire et même temps qu’elle révulse, on ne peut s’empêcher de venir voir pour ensuite crier à l’horreur.

L’histoire de Lala nous est racontée à travers une pléthore de médias. Au début, ce sont les sons, la lumière et l’ambiance d’un concert électro/punk, les comédiennes : deux DJ qui composent la musique en direct. Le ton est donné : décalé, brut. L’histoire de Lala est tantôt contée, tantôt chantée. Elle sera également dessinée, projetée en vidéo et interprétée. Ces différentes formes permettent au spectateur de ne pas sortir du spectacle, ses sens étant sans cesse sollicités par une nouvelle forme. Les actrices s’échangent les rôles et les partagent ce qui renforce cette ambiance déjà dynamique.

Malheureusement tout ça ne suffit pas. La Clinic Orgasm Society nous a habitués à des spectacles nettement plus élaborés. Ici, tout ça manque un peu de contenu, de profondeur. L’histoire a beau être amusante, les actrices pétillantes, l’espace changeant, l’usage de la vidéo inventif et original, le tout reste superficiel et c’est en restant sur sa faim, vaguement déçu qu’on quitte la salle.

Svobodova Karolina.