Boundary Games

Bruxelles | Théâtre | Théâtre Les Tanneurs

Dates
Du 22 au 26 mai 2018
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Les Tanneurs
Rue des Tanneurs, 75 1000 Bruxelles
Contact
http://www.lestanneurs.be
info@lestanneurs.be
+32 2 512 17 84

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Boundary Games

La composition d’un groupe implique-t-elle toujours l’exclusion ? L’union par ailleurs entraîne-t-elle l’harmonie ?

Boundary Games se présente au public comme une expérience spatiale et sonore de composition et décomposition des ensembles : sur scène, plusieurs situations varient en fonction de divers critères qui déterminent des organisations et dynamiques de groupes. Le spectacle tente de révéler le caractère relatif des frontières érigées dans nos rapports à l’autre.

Les performeurs et leur environnement fabriquent et déconstruisent tour à tour des groupes et mettent en scène leur relation. À travers une écriture du plateau sensible et imagée, Léa Drouet questionne et tente de comprendre : la construction d’un « nous » implique-t- elle toujours l’exclusion d’un « eux » ? Comment peut on penser un « nous » qui intègrerait la division ? Comment les singularités peuvent-elles interagir et agir ensemble ?

Boundary Games est ainsi à la fois une fabrique et une entreprise de démolition, une expérience de la distinction et des relations possibles entre les groupes et un paysage plastique et sonore composé à partir des processus d’inclusion, d’exclusion, de liaison et de séparation des ensembles.

Avec Frédéric Bernier, Madeleine Fournier, Catherine Hershey, Yann Leguay, Simon Loiseau, Marion Menan, Bastien Mignot et Gaëtan Rusquet
Lumières et scénographie Gaëtan Rusquet
Travail sonore Yann Leguay
Dramaturgie Camille Louis
Assistante à la mise en scène Laurie Bellanca
Production et distribution France Morin / AMA

Une production de Vaisseau en coproduction avec le Théâtre Les Tanneurs, le kunstenfestivaldesarts, le Théâtre Nanterre-Amandiers et Charleroi/Danses

Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Service du Théâtre
En partenariat avec le Festival Actoral, Kunstencentrum Buda, Charleroi/Danses, Montevideo Marseille, Overtoon, La Bellone/House of Performing Arts.

Distribution

Léa Drouet

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Jeudi 24 mai 2018, par Titiane Barthel

À la marge

Dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts, Léa Drouet présente Boundary Games, un espace de jeu pour six performeurs. Dans un lieu proche d’un plateau de touché-coulé, les liens et les groupes se font et se défont, amenant un flot d’images évocatrices les unes après les autres.

Le dispositif de Léa Drouet est d’une simplicité extrême : un sol quadrillé de gaffeur
fluorescent vert, des couvertures grises, un environnement sonore et lumineux qui s’amplifie au fur et à mesure. À l’intérieur de ce dispositif, les performeurs se déploient peu à peu dans l’espace, occupés à minutieusement déployer les couvertures entassées dans un coin. On voit apparaître peu à peu des formes, pour des couvertures qui deviennent à la fois des rochers, des linceuls, des tanks, des rives, des charniers, des tentes, des lits, aussi loin que peut porter l’imagination. Ce monde en évolution constante change au fil des déplacements des différents performeurs, selon là où ceux-ci vont décider de s’allonger, de se recouvrir les uns les autres, d’aller ensemble, ou à l’opposée les uns des autres. Le plateau se compose ainsi par ces différents corps et ces espaces qui apparaissent et disparaissent, devenant de plus en plus inquiétant avec un univers sonore où on entend des bruits de foule, des bruits d’océan, puis de craquements et de grondements, tandis que la lumière elle-même vacille au-dessus de nos têtes.

Léa Drouet joue ainsi avec nos perceptions, nous éclairant tantôt à la lumière du néon tantôt à la lumière noire, faisant monter et disparaître le son autour de nous.
Chacun verra ce qu’il voudra dans cette atmosphère qui fait remonter en nous à la fois des images des médias (par exemple des réfugiés ou de pays en guerre), de représentations collectives ou simplement d’évocations sensorielles, sans jamais pouvoir être sûr de ce qu’on a vu, puisque le plateau en face de nous est en constante transformation. L’expérience est donc à la fois individuelle et collective, laissant chacun en proie à son propre ressenti dans un dispositif qui lie l’ensemble des spectateurs ensemble. Tout reste en suspens jusqu’à l’image finale que construisent les performeurs,
classant les couvertures par ordre de taille et de couleur, et construisant avec des cartons une forme pouvant évoquer à la fois un salon-télé, un tank ou un lieu de vie.

Dans cet espace, les formes nous échappent et restent au stade de projections avant de
disparaître. Cela est dû à la performance remarquable des six performeurs de Léa Drouet qui, malgré leur rythme lent, sont en mouvement constant pour changer de place, modifier l’espace, et faire apparaître tour à tour différentes formes. Le spectateur est alors plongé dans un trouble où le temps se dilate, où nul n’est plus sûr de ce qu’il a eu sous les yeux la seconde précédente. Léa Drouet donne ainsi une image du monde comme un univers trouble où tout est modifié par des actions humaines en permanence.

On pourrait se permettre de lire derrière cette quête avant tout esthétique un objectif
politique pour un spectacle qui place six hommes et femmes sur un immense plateau quadrillé, entre le touché-coulé et une carte nucléaire, tous responsables des changements qui s’y produisent. Et c’est encore là le coup de force de Léa Drouet : parvenir à laisser au spectateur toute la puissance de sa lecture personnelle tout en imposant un parti pris esthétique et éthique fort.
Aussi simplement que ça.

Théâtre Les Tanneurs