Mardi 6 septembre 2005, par Xavier Campion

Bertrand d’Ansembourg

Rencontre avec un comedien qui lance un nouveau café-théâtre, "l’Arrière-Scène" à Etterbeek.

En ce début de saison, Comedien.be a rencontré Bertrand d’Ansembourg, un jeune comédien sorti du Conservatoire et qui ouvre aujourd’hui un nouveau café-théâtre à Bruxelles, "l’Arrière-scène"...

"L’Arrière-scène", une définition, une spécificité ?

La chaleur humaine !!! « L’Arrière-Scène » est une petite salle qui a pour ambition de transpirer dans un magma d’émotions. L’Arrière-Scène est une aventure humaine qui veut offrir à son public des tranches de rires et de larmes. Nous voulons que les gens se sentent chez eux, que ce soit un lieu privilégiant la proximité : tout d’abord la proximité à l’intérieur de la salle entre les spectateurs et les artistes. Nous ne sommes pas dans un théâtre où public et comédiens sont deux identités distinctes. La scène se confond avec les gradins. De là naît un rapport différent au public. Le spectateur devient acteur du spectacle. Non pas qu’il soit jeté sur scène à improviser mais il est amener à se positionner, à réfléchir : il est au cœur du spectacle. Proximité aussi après le spectacle : autour d’un verre, artistes et spectateurs se rencontrent et échangent leurs avis. La proximité se joue enfin au niveau du quartier : nous voulons attirer les gens du quartier, qu’ils puissent sortir au théâtre, voir un concert à pied ou à vélo. Participer à la vie culturelle du quartier de la Chasse est un de nos challenges.

A côté de cela, l’Arrière-Scène doit servir de tremplin à la jeune création. Il n’est pas toujours évident pour des comédiens qui débutent de trouver un lieu où monter son spectacle. Or notre lieu « appartient » aux jeunes artistes qui disposent d’un espace pour se faire voir et entendre. Une création qui est montée chez nous doit avoir une seconde vie. Nous attirons les centres culturels et les professionnels du spectacle pour que ces projets perdurent et puissent tourner à Bruxelles et en Belgique.


Comment est née cette aventure ? Depuis quand y penses-tu ?

Il y a deux ans, avec Annette et Lara nous avions un rêve : acheter un chapiteau et le poser dans un champ pour y monter et accueillir des jeunes créations. L’idée s’est dissipée et ensuite j’ai trouvé cette arrière-maison avec ma femme où nous avons emménagé. Un ancien atelier de peintre se situe au rez-de-chaussée de la maison et nous avons décidé de le transormer en café-théâtre. L’atelier a remplacé le chapiteau et le projet est là…


Parle-nous de ta première saison...

La saison est aussi variée qu’éclectique : il y aura du théâtre, des concerts, de la chanson française, un spectacle jeune public, de l’improvisation,…
Notons que tous nos premiers spectacles théâtraux sont des créations. Comme je l’ai déjà dit, nous voulons promouvoir les jeunes troupes de théâtre et les jeunes groupes de musique qui débarquent avec des nouveaux projets.

Concrètement, nous démarrons début septembre avec une comédie musicale saignante de Stéphanie Blanchoud et Xavier Benout. La pièce dépeint le monde sordide des artistes prêts à tout pour se mettre en avant. Nous enchaînons le 24 septembre avec 2 concerts gratuits de Spi Op Scène et Michel Arbatz dans le cadre du « Rallye Chantons Français ! ». Ensuite Marie Warnant, une jeune auteur-compositeur-interprète foulera nos planches le dernier week-end de septembre. Octobre débutera avec le Festival d’Ouverture de l’Arrière-Scène : une journée pour présenter notre nouveau lieu ! Ensuite vient le Hanokh’s Cabaret, une pièce satirique de Hanokh Levin qui nous parle du conflit israélo-arabe avec un humour extrêmement mordant. En novembre, il y aura encore « Saule and the pleurers », de l’improvisation avec « Entre eux », « Entre Elles » et « Entre Nous » et enfin « le Baiser de la Veuve » de Israël Horovitz. Décembre débutera avec « Femme Sauvage » de Coline Malice, viendra ensuite un quartette de violoncellistes et enfin un spectacle jeune public : « La sorcière du placard aux balais ».


Vous travaillez en équipe...?

Nous sommes quatre à monter ce projet : Annette Gatta, Lara Hubinont, Xavier Benout et moi-même. C’est indispensable car il y a du pain sur la planche. Ce qui est génial dans cette équipe, c’est que nous nous complétons tous très bien. Chacun arrive avec ses particularités, ses points forts et ses faiblesses mais chacun a sa place et complète un tout.


Pourquoi un café-théâtre et pas un théâtre ?

Parce que comme je l’ai dit ce qui m’intéresse c’est le contact humain. Un petit lieu est plus propice à la chaleur humaine ! Ensuite parce qu’il est plus agréable de suivre un spectacle avec une bière à portée de main. En plus j’ai toujours adoré être derrière un bar. Pourvu que ça dure … Devant le bar c’est bien aussi !


A plus long terme, comment vois-tu le développement du lieu ?

Je ne le vois pas très différent d’aujourd’hui. Je veux que le lieu reste simple, chaleureux, humain avec toujours le souci d’avoir des spectacles de qualité. Il faudra éviter le piège de tomber dans une routine, il faudra veiller à surprendre le public, innvover, rester alerte à la création artistique. C’est la raison pour laquelle « la Cave de l’Arrière-Scène » va bientôt voir le jour. Ce sera un rendez-vous mensuel ou bimensuel où tout le monde est le bienvenu dans un but de recherche, de réflexion et de découverte artistique. Des soirées-débats, des conférences, des lectures de nouveaux auteurs, seront au programme…


N’y a-t-il pas trop de théâtres à Bruxelles ?

Non, pas du tout. Selon moi, plus il y aura de lieux de sorties, plus les gens sortiront. Un lieu peut en faire découvrir un autre. Un spectacle peut donner l’envie à une personne d’aller voir un autre spectacle. C’est un cercle vicieux ! Il faut encourager les gens à être curieux. Il y a 1 million d’habitants à Bruxelles ! Le public n’est pas fini, il est extensible. Il faut le sortir de chez lui, lui faire éteindre sa télé, lui donner goût à la culture, le faire rêver et lui donner l’envie de revenir. Il faut que les gens comprennent que Bruxelles offre déjà un bel éventail de sorties. Ce travail se fait collectivement avec tous les lieux culturels de Bruxelles. Et plus il y aura de lieux de qualité, plus le public s’élargira.


Cela constitue pour toi un boulot à plein temps ou comptes-tu continuer à jouer ailleurs, avec d’autres compagnies, etc ?

Depuis un an je prépare l’ouverture de ce lieu mais il est difficile pour moi d’évaluer le temps que je consacrerai à l’Arrière-Scène une fois l’ouverture terminée. Pour l’année à venir, l’Arrière-Scène constitue ma grande priorité, je compte m’investir à temps plein dans ce boulot et je verrai par la suite ce que je peux faire à côté.

Quelle est la marche à suivre pour les artistes qui souhaitent y présenter un spectacle ?

Pour un projet théâtral, il faut nous remettre un dossier avec le texte de la pièce, les motivations, la distribution, la fiche technique, etc. Pour un concert, une démo est la bienvenue. Nous discutons ensuite à 4 du projet et pour ceux qui semblent bien rentrer dans l’esprit du lieu, nous rencontrons les protagonistes et discutons ensemble. Pour les groupes de musique, nous allons les voir en concert. Tous les projets sont les bienvenus !

Coordonnées :
L’Arrière-Scène
Rue de Chambéry, 30
1040 Bruxelles

www.arriere-scene.be

tél : 0484/213 213
e-mail : info@arriere-scene.be