Lundi 24 octobre 2011, par Catherine Sokolowski

Allégorie par la plastique du plastique

Un clown gai propose quelques tours et puis s’en va… La machine se met en route. Il se retrouve dans une décharge, noyé dans une mer de sacs en plastique. Dénonçant la société de consommation, l’emprisonnement, la solitude et les bidons-ville, Gauthier Jansen partage une expérience vécue depuis 2004 dans les endroits les plus défavorisés de la planète. Une métaphore poétique et esthétique, très (trop ?) suggérée.

Alors qu’une décharge est laide et sale, le cimetière des détritus est ici blanc et immaculé. Le sac plastique devient l’unique occupation d’un homme complètement banni et oublié par le système. Accablé, il passe par tous les stades comportementaux.

Ce projet est ambitieux et louable, confronter la société de consommation à ses désordres avec douceur et patience. Beaucoup de thèmes sont dénoncés et le spectateur se retrouve seul face aux déficiences suggérées. Le message s’en trouve déforcé, d’autant que le côté esthétisant du propos dilue la portée militante du contenu.

Finalement, on imagine un vécu foisonnant et dérangeant sans savoir exactement de quel vécu on parle. Le rôle du sac, devenu presque un ami, est volontairement ambigu puisqu’il va à l’encontre de la dénonciation qu’il sous-tend. Certains seront séduits par la plastique de l’univers mis en place même si c’est seulement dans le dernier acte que la puissance du décor se révèle. D’autres seront interpellés par le message diffusé, même si l’on peut regretter que les idées portées n’aient pas été mieux exploitées. Mais dans tous les cas, une initiative courageuse qui mérite que l’on s’y intéresse.