Mercredi 1er mars 2017, par Yuri Didion

A couple in la tourmente.

"Once upon a time... a couple". C’est sur ces mots que s’ouvrent le spectacle après une introduction musicale et humoristique. Sur ces mots, et sur l’apparition soudaine du couple en question : une statuette de couple pour gâteau de mariage posée sur la table. Un plateau sur le plateau, des acteurs qui jouent comme des enfants, des objets qui servent de comédiens. Un humour décalé et surréaliste. Bienvenue dans l’univers du théâtre d’objet d’Agnes Limbos.

Le premier abord est déroutant. Sur le plateau : une table, comme un plateau miniature, un amas d’objet soigneusement organisé, deux comédiens. Sur la table seront posés tous les objets utilisés dans la narration offerte par les deux comédiens, qui oscillent entre narrateurs, musiciens, et personnages.

Agnes Limbos et Gregory Houben, les interprètes et concepteurs de "Ressacs", enchaînent les tableaux vivants avec un tel plaisir qu’il est difficile de ne pas se laisser entraîner dans cet univers décalé. Sous les yeux émerveillés d’un public conquis, ils font vivre à leur personnage une série de situations désespérées sur un rythme joyeux : la perte de leur "beautiful house", le naufrage de leur vie occidentale, leurs tentatives pour reconstruire, récupérer, etc. Le tout est rythmé par l’apparition évocatrice des objets parfois incongrus, souvent surprenants, des musiques entêtantes, et quelques effets spéciaux pour épicer le tout.

Bien que rangé dans la catégorie jeune public, "Ressacs" aborde des thèmes complexes. De la crise des subprimes au (néo-)colonialisme, en passant par ce qui fonde notre identité, les artistes font preuve d’un regard très critique sur cette société où le bonheur dépend des possessions, où l’élévation dite "sociale" conditionne le bien-être personnel et nous rappellent que l’avidité mène à la ruine. Pourtant, le ton reste léger, humoristique, délicat. Un spectacle inventif et d’une grande qualité donc qui ravira les enfants et ravivera l’imagination des parents pour mieux les réunir dans un rire libératoire et spontané.

Un long discours ne saurait rendre hommage à ce travail incroyable, il vaut bien mieux courir voir "Ressacs" dès que vous en avez l’occasion.