A cheval sur le dos des oiseaux

Ixelles | Théâtre | Le Rideau

Dates
Du 20 avril au 8 mai 2021
Horaires
Tableau des horaires
Rideau de Bruxelles
Rue Goffart, 7 A 1050 Ixelles
Contact
http://www.rideaudebruxelles.be
contact@rideaudebruxelles.be
+32 2 737 16 00

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A cheval sur le dos des oiseaux

J’écris À cheval sur le dos des oiseaux, un monologue pour Véronique Dumont qui raconte l’arrivée soudaine d’un nourrisson dans la vie d’une femme dite arriérée.

En arrière-plan de ce texte, je cherche à m’approcher de ce que Peter Handke appelle le malheur indifférent. De Carine Bielen aussi, une femme précarisée reléguée dès l’enfance vers une filière handicapée, on pourrait dire « elle était, elle fut, elle ne fût rien ». Carine Bielen n’est pas quelqu’un qui paraît, c’est quelqu’un qui est. Elle ne pense pas le monde, elle le vit. Elle ne se révolte pas, elle s’excuse. Comme la société lui a appris à le faire.

A bientôt,

Céline

Écriture et mise en scène : Céline Delbecq
Assistanat : Delphine Peraya
Scénographie et costumes : Thibaut De Coster et Charly Kleinermann
Lumière : Julie Petit-Etienne
Régie générale : Aurélie Perret
Accompagnement dramaturgique : Jessica Gazon
Habillage : Nina Juncker

Lansman Éditeur, 2021.

Production collective et solidaire Rideau de Bruxelles, Compagnie de la Bête Noire, Théâtre des Ilets/CDN de Montluçon, Centre culturel de Dinant, Centre culturel de Mouscron, Centre culturel de Gembloux, … (en cours)
Avec l’aide et le soutien de La Chartreuse – Villeneuve lez Avignon – Centre national des écritures du spectacle.

Distribution

Avec Véronique Dumont

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Vendredi 21 mai 2021, par Didier Béclard

On est des êtres humains

Le Rideau de Bruxelles se déconfine et propose « À cheval sur le dos des oiseaux », une création bouleversante de Céline Delbecq, portée par Véronique Dumont.

Une chaise, une fontaine à eau, des stores verticaux occultent les fenêtres, la pièce est fonctionnelle, sans âme, sans chaleur. Elle n’a l’air de rien, parle d’une voix rauque, calme, humble, ponctuant son histoire de petits rires et de silences.
Carine Bielen a un peu plus de 47 ans. Elle vit seule avec son enfant âgé de quelques mois. Ce n’est pas simple parce que Logan a la terreur dans sa tête. Dès qu’il fait noir, il hurle. Pendant la journée, on ne l’entend jamais, il ne réclame rien, même pas sa mère. Mais le soir, il a peur du noir, comme Carine qui a aussi peur du vent et des bruits qu’il provoque. Alors, elle boit un petit verre de rouge pour dormir tranquille, même si elle sait que l’alcool fait de la misère.
On sent bien que Carine est un peu simple, elle utilise le mot « arriérée ». Elle n’aime pas lire mais elle écoute la dame du centre, même si elle ne respecte pas à la lettre toutes ses injonctions.
Carine ne se sait plus très bien comment elle est devenue mère. Elle ne se souvient même pas d’avoir fait un truc mais elle sait qui est le père. La naissance de Logan a changé sa vie. Elle qui n’a jamais rien eu à elle, en une fois elle reçoit tout, elle reçoit quelqu’un qui, toute la vie, va l’appeler « maman ». C’est important pour quelqu’un qui a toujours vécu à la marge.
Touche par touche, Carine dresse le tableau du drame de sa vie : ne pas être. Ou juste un chiffre, une statistique, un numéro sans consistance, sans nuance, sans humanité. A la marge, c’est-à-dire derrière des barrières, dans des cases créées pour la protéger mais qui l’étouffent, la réduisent à un statut, pauvre ou handicapée, nient son existence propre et la relèguent au rang d’individu à gérer, de sujet sous tutelle.
Carine emmène le public dans son récit chaotique et bouleversant avant de le laisser, sonné, submergé d’émotion. Une fois de plus, l’autrice et metteuse en scène, Céline Delbecq, frappe fort pour donner la parole à ces personnes confinées hors de leur histoire par les errements d’une société normative. La comédienne Véronique Dumont pousse la justesse du jeu jusqu’à s’effacer totalement derrière son personnage laissant toute la place à cette femme fragile, attachante et perdue.

« À cheval sur le dos des oiseaux » de Céline Delbecq (texte publié chez Lansman), jusqu’au 15 mai (en extérieur mais à l’abri) au Rideau de Bruxelles , 02/737.16.01, www.rideaudebruxelles.be.
Selon les dates, le spectacle est précédé de « Variations », lecture de deux textes, deux histoires différentes, deux variations qui s’enfoncent dans l’insondable des violences conjugales.

Le Rideau