Jeudi 30 janvier 2020, par Catherine Sokolowski

35 ans dans un commissariat !

Les relations humaines sont à l’honneur de ce spectacle intimiste qui se déroule dans un commissariat de province. Les personnages vont et viennent dans les bureaux comme dans le temps puisque la pièce se déroule sur 35 ans avec pas mal d’allers-retours. Tout se passe dans le couloir principal du commissariat mais aussi dans les pièces adjacentes, qui restent pourtant invisibles aux yeux du public. A travers les dialogues, souvent absurdes, on découvre les sentiments des uns et des autres alors que leur mission est reléguée en toile de fond. Plantée dans un magnifique décor, une étude intéressante et originale des relations entre collègues.

Au départ, le spectacle s’appelait « Le commissariat » et se déroulait dans un couloir de l’INSAS, il a été créé dans le cadre d’un travail de fin d’étude. Du couloir de l’INSAS, la compagnie Fany Ducat est passée à la scène du théâtre des Tanneurs mais le couloir est toujours là. L’ambiance d’un commissariat de province est parfaitement reconstituée. Le gris est à l’honneur. Pour la compagnie, le lieu est important, il sert de support à l’imagination, ceci explique sans doute le soin apporté au décor, très esthétique.

Les jours défilent. Bozek (Maya Lombard/Anne-Marie Loop), Bruno (Antonin Jenny), Claude (Tom Adjibi), Denis (Thomas Noël) et leur chef (Sacha Fritschké) discutent de leur travail mais aussi de leur vie privée. Leur mission consiste à exfiltrer Olivier. De cette mission, on ne saura rien ou presque, ce n’est pas le sujet. Par contre, des personnages, on apprendra beaucoup plus, au travers de nombreux flashbacks et d’évènement ponctuels qui viennent perturber la vie de ce commissariat de banlieue.

Si l’aspect technique est parfaitement maîtrisé (notamment la lumière, importante pour différencier le jour et la nuit et simuler le défilement du temps mais aussi les hors-champs avec ces bureaux que le public ne voit jamais) et malgré que le thème du spectacle soit terriblement humain, il ne faut pas s’attendre à être profondément touché par ces personnages au comportement volontairement froid et un peu artificiel. Ce n’est pas le but. Nourrie d’allers-retours, de dialogues absurdes et d’interrogations, la pièce laisse aussi beaucoup de place à l’imagination. Un premier spectacle original dont on retiendra les points forts. Une jeune compagnie à suivre.