Lundi 15 octobre 2018, par Palmina Di Meo

3 FEMMES 3 SENSIBILITÉS 3 FRAGILITÉS

Magistrales, elles sont ! La mère, diva gâtée par la vie, égoïste, aveugle, Eva, sa fille qui a vécu dans son ombre à la fois brimée et admirative et puis il y a celle que l’on cache comme une excroissance embarrassante, privée de caresses et de sourires, la muette Helena.

En visite chez sa fille au plus profond de la campagne suédoise, Charlotte vient chercher du réconfort après la perte de son compagnon mais Eva est bien décidée à régler ses comptes et à ne rien épargner à sa mère...

Huis clos d’une force dévastatrice, « Sonate d’automne », nous plonge au fond de nous-mêmes, de nos manques et nos limites. Et en sous-texte, ce manque cruel d’amour, le désarroi face au vide, à la surdité de l’autre. Jusqu’à la crise, au cri, torrent libérateur, le hurlement de Lena, immobilisée depuis toujours, reléguée quelque part dans un étage fictif, présence invisible et immuable, éponge de toutes les angoisses et de tous les malaises.

Dans une mise en scène épurée au maximum qui privilégie les effets d’ombres et de lumières, les atmosphères troublantes, Bruno Emsens a tenu à suivre Bergman dans sa quête de lumière. Et cette soif ne peut se concrétiser que dans la communication sans artifices, celle où l’on va droit à l’essentiel, quitte à blesser l’autre, à le ravager, pour se rendre compte... de la vulnérabilité et du dénuement que peut cacher la suffisance.

Jo Deseure incarne une Charlotte blessée, imbue d’elle-même et légère tout à la fois qui en font un personnage redoutable de désir et de caprices. Julie Duroisin est cette Eva à bout, revendicatrice qui se révèlera être un roc face à une mère beaucoup plus friable. Julie Duroisin s’affirme ici comme une actrice d’une étoffe dramatique impressionnante.

Un magnifique hommage à l’éternel Bergman pour fêter le centième anniversaire de sa naissance.

Palmina DI MEO