Le dernier ami

Bruxelles | Théâtre | Théâtre des Martyrs

Dates
Du 25 mars au 4 avril 2020
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre des Martyrs
Place des Martyrs, 22 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatre-martyrs.be
billetterie@theatre-martyrs.be
+32 2 223 32 08

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Le dernier ami

Le dernier ami, c’est une ode à la liberté, à la poésie, aux paysages, contée par un narrateur vagabond qui s’arrête dans un petit patelin où le seul à lui ouvrir la porte est Sam.

Sam, c’est la porte ouverte sur l’imprévisible, c’est l’histoire d’un bourlingueur mis à l’écart, marqué par un passé douloureux. Sam sort de son isolement par l’écriture et la musique. Peu à peu, il raconte son histoire, évoque sa grand-mère qui l’a élevé et sa fin tragique. Deux autres figures apparaissent, une mystérieuse jeune femme aux cheveux clairs et le vieux père Simon, son landau et son vin.
Au fil de cette amitié qui se nourrit de grands silences, le narrateur reconquiert des mots qu’il pensait avoir relégués aux oubliettes, des mots comme demain. Comme quoi l’amitié ouvre des perspectives.

Le dernier ami, c’est l’hommage de l’acteur Thierry Lefèvre à un véritable ami, poète musicien – et il faut bien que ces histoires essentielles se racontent et se transmettent.
Le dernier ami, c’est aussi un spectacle où tout, de l’écriture d’Éric Durnez à la mise en scène et au jeu, est ciselé au couteau, de ceux qui sont façonnés par des artisans aux mains rudes.
À voir, à entendre, à vivre, profondément.
Prix de la Ville de Huy & Coup de coeur presse des Rencontres de Huy 2014
TOUT PUBLIC 10+
COPRÉSENTATION
THÉÂTRE LA MONTAGNE MAGIQUE / THÉÂTRE DES MARTYRS

Distribution

texte Eric Durnez
jeu Thierry Lefèvre
 • mise en scène Thierry Lefèvre & Delphine Veggiotti
 • lumières Laurence Drevard
 • régie Aude Dierkens & Laurence Drevard
production Une compagnie

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3 Messages

  • Le dernier Ami

    Le 11 octobre 2018 à 22:49 par mauvever

    Très belle écriture d’Eric Durnez ,magnifique mise en scène,pleine de réalisme,on nous fait vivre tous ces gens de la montagne , histoire d’amitié dans un monde rural,dur, très bien jouée par Thierry Lefèvre.Un hymne à la valeur des relations à la mémoire aussi.
    De l’excellent théâtre pour tous.A voir !
    Ph.neus ( mauvevert)

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Lundi 15 octobre 2018, par Jean Campion

Une Rencontre pudique et décisive

Après une vie très active dans les médias, Eric Durnez s’est installé, en 1999, dans le sud-ouest de la France et a privilégié l’écriture : "Depuis que j’essaie d’être écrivain, j’ai désappris ce qui me permettrait d’être autre chose. Les écrits s’accumulent. Du fait de leur imperfection (disons du sentiment d’insatisfaction qu’ils me procurent), ils fouettent mon envie de m’y remettre..." Une passion qui a donné naissance à une oeuvre abondante et diversifiée : nouvelles, poèmes, pièces de théâtre, scénarios de films. Eric Durnez s’est éteint le 6 juin 2014. Quelques mois plus tard, Thierry Lefèvre, compagnon de route qui avait interprété plusieurs de ses textes, au sein d’"Une Compagnie", a créé "Le Dernier ami", troisième volet d’une trilogie. "Tam" évoque l’amitié exclusive des enfants, "Le Voyage intraordinaire" les liens noués entre deux adolescents et "Le Dernier ami" la relation imprévue et profonde vécue par deux adultes. En se glissant avec sobriété dans la peau du narrateur, le comédien laisse percer la douceur apaisante et l’espérance, qui émanaient de son ami de toujours.

Pieds nus, un homme vagabonde dans un patelin perdu. Il cherche un endroit où passer la nuit. Toutes les portes se ferment. Le plus souvent sous des prétextes sournois. Le voyageur encaisse ces refus sans colère ni amertume. Il achète même à la vieille épicière, trop sourde pour le comprendre, une boîte de haricots, un saucisson sec, le journal de la semaine dernière et du savon périmé. Les aboiements furieux d’un chien le poussent à s’écarter d’une maison isolée. Mais Sam, le propriétaire, le rassure et l’invite à partager son repas : une assiette pour le visiteur, une écuelle pour le chien et la casserole pour le cuisinier. Brève soirée quasi silencieuse. Une chambre est prête à accueillir le nomade.

Le lendemain, ensemble ils ramènent de la forêt une "tête de sorcière". Un morceau d’arbre de plus de cinquante kilos, que Sam sculpte pendant plusieurs jours. Dans ce paysage rocailleux, loin de l’agitation du monde, les deux hommes s’apprivoisent. Sans paroles inutiles. Ils partagent le sens de l’étonnement et l’amour de la poésie. Soutenu par un synthétiseur asthmatique, Sam exhume de vieilles chansons et apprécie certains poèmes que le narrateur lui offre. Promis, il les mettra en musique. A part une jeune fille mystérieuse et le père Joseph, un joyeux et fantasque centenaire, fier de son vin, qui ne se boit pas comme du petit lait, ils ne voient personne. Les villageois les ignorent. Cet isolement renforce leur complicité et favorise le réveil de l’amitié.

Parfois, cet homme accueillant et âpre se laisse envahir par la mélancolie et se referme sur lui-même. Respectant son silence, le narrateur ne lui pose pas de questions importunes. Lorsque son ami a l’idée surprenante d’organiser un concert pour tout le village, il n’émet aucune objection. Il l’aide à préparer la salle, distribue les invitations et présente le spectacle. Plus tard, Sam justifiera cette initiative téméraire : "Les gens finissent toujours par revenir à de meilleurs sentiments". L’amitié ne se formule pas, elle se vit. Notamment en pressentant le désir de l’autre. Quand il perçoit que le nomade a envie de reprendre la route, Sam sait que le moment est venu de lui confier son lourd secret.

Eric Durnez nous touche par un style dépouillé, sans esbroufe. Le narrateur s’attache aux détails suggestifs et s’étonne candidement d’abuser de "d’ailleurs" ou d’employer une expression bizarre comme "en rester comme deux ronds de flan". On retrouve cette simplicité dans la mise en scène de Delphine Veggiotti et le jeu de Thierry Lefèvre. Plantée au centre du plateau, une vieille porte vitrée focalise l’attention sur ce symbole de l’accueil. A un moment crucial, sa fenêtre encadre la figure poignante de Sam, révolté par l’injustice. Une séquence d’une grande intensité. En entamant son récit, le comédien affiche la sérénité du voyageur sans attaches. Pour faire écouter les gens du coin, il prend l’accent local, en évitant la caricature. C’est avec une sensibilité à fleur de peau qu’il nous laisse entendre le bouleversement provoqué par sa rencontre avec Sam. Dommage qu’il baisse parfois trop la voix : des mots s’évaporent. Cependant sa retenue, ses silences et ses regards contribuent à rendre son interprétation émouvante.

Jean Campion

Théâtre des Martyrs