December man

Théâtre | Théâtre de Namur

Dates
Du 29 mars au 6 avril 2019
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre de Namur
Place du théâtre 2
Contact
https://www.theatredenamur.be/
billetterie@theatredenamur.be
081 22 60 26

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December man

Reprise du saisissant spectacle qui a bouleversé notre public en septembre 2017. 6 décembre 1989, peu après 16 heures, école de Polytechnique de Montréal, un homme armé entre dans une classe, sépare les hommes des femmes, il tue ces dernières. 14 décès – 14 blessés. 24 femmes – 4 hommes. Mais ce n’est pas l’histoire, juste son élément déclencheur. 6 décembre 1989, peu après 16 heures, école de Polytechnique de Montréal. Parmi les garçons, il y a Jean. Il fuit, court et court, rate son bus, se dit qu’il doit retourner à l’école sauver les filles. Mais il ne cesse de se tromper de direction. “Faire demi-tour” se dit-il, “faire demi-tour”. Elles sont de plus en plus loin et il les a laissé mourir. C’est ce qu’il pense. Ce qu’il croit. Ce dont il sera convaincu. Chaque jour un peu plus. Un spectacle dont les protagonistes sont sains et saufs, ils ont échappé au drame immédiat. Mais qu’en est-il de l’effet secondaire ou du dommage collatéral ?

Distribution

Avec Sophia Leboutte, Luc Van Grunderbeeck et Félix Vannoorenberghe. Mise en scène Georges Lini assisté par Nargis Benamor. Traduction et dramaturgie Xavier Mailleux. Scénographie Renata Gorka. Création vidéo/son Sébastien Fernandez. Création lumières Jérôme Dejean. Première traduction dramaturgie Xavier Mailleux. Une production du Théâtre de Namur et du Théâtre Les Tanneurs, La Coop asbl & Shelter prod.

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5 Messages

  • December Man

    Le 15 novembre 2018 à 08:53 par afrg

    On remonte les mécanismes psychiques qui ont mené le rescapé d’une tuerie à l’insupportable. Les excellents comédiens sont "habités" et nous entraînent dans leurs émotions, au travers de leurs relations familiales, de leurs incompréhensions, de leurs malentendus.

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  • December Man

    Le 15 novembre 2018 à 14:48 par Joenath

    Très bonne pièce qui raconte le vécu très difficiles des victimes d’attentats même s’ils s’en sont sortis indemnes. La pièce remonte les faits dans le temps. C’est un sans faute, bien mis en scène, bien joué, cela ne laisse pas indifférent. A voir sans hésiter.

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  • December Man

    Le 16 novembre 2018 à 13:35 par LUspirou

    Comment la déstabilisation morale s’installe auprès de ceux qui ont vécu de près ou de loin des actes agressifs. Toutes les émotions sont persues . D’excellents ccomédiens.. On ne sort pas de cette pièce avec indifférence.

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  • December Man

    Le 19 novembre 2018 à 19:16 par evelyne2

    Une pièce remarquablement interprétée par les 3 comédiens. La scénographie est originale. Le sujet est lourd mais est émaillé par quelques moments de légèreté. Construite à rebours on est immergé dans le quotidien d’ une famille, victime collatérale d’un attentat.
    Ps : 5 étoiles (contrairement à la note de 3 étoiles validée par erreur !)

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  • December Man

    Le 21 novembre 2018 à 13:49 par Charlotte V.

    Prenant, à la limite du supportable, tant le jeu des comédien.ne.s sont d’une juste intensité.
    Le sujet en ferait fuir plus d’un.e, mais il est traité pour laisser une empreinte de mort vivante, d’une vie hantée... à s’en délivrer finalement. Tragique, interpellant, ... tout est remous au fond de nous.

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Lundi 19 novembre 2018, par Jean Campion

Sauvé mais condamné

Depuis un quart de siècle, les tueries en milieu scolaire, aux U.S.A. et au Canada, se multiplient avec une constance implacable. Les médias répercutent et amplifient l’émotion provoquée par ces fusillades monstrueuses. On en discute quelques jours, puis on s’intéresse à autre chose. Cinéastes et dramaturges font de ces tragédies des tremplins de réflexion. Dans "Happy slapping" (2012), Thierry Janssen nous interroge sur le malaise et la colère d’ados, déboussolés par la toute-puissance de l’image. Pour nous sensibiliser aux traumatismes subis par les rescapés d’une tuerie, la canadienne Colleen Murphy s’est inspirée d’un fait divers. Le 6 décembre 1989, à l’Ecole Polytechnique de Montréal, Marc Lépine a tué, par misogynie, 14 étudiantes et blessé 14 personnes ( 10 femmes et 4 hommes), avant de se suicider. En juillet 1990, un jeune homme, témoin du carnage, s’est donné la mort. Un an après, ses parents, eux aussi, renonçaient à la vie.

Vêtue de la robe verte, achetée pour la remise de diplômes de leur fils Jean, Catherine aide son mari Benoît à nouer sa cravate. Ils s’embrassent tendrement, puis s’installent dans le canapé. La cuisine est impeccable, les instructions bien en vue, le gaz ouvert au maximum, ils peuvent s’endormir définitivement.Remontant le temps, la pièce montre, par une succession de scènes, comment Jean, en échappant à une tuerie, a entraîné sa famille dans une descente aux enfers. Sous le coup de son suicide, les Fournier se disputent constamment. Catherine engueule son mari, parce qu’il ne va plus à la messe. Lui est furieux de la voir se crever à tricoter. Pour faire plaisir à des dames patronnesses, au lieu de reprendre son boulot. Son maigre salaire ne serait pas du luxe. Pleine de haine pour l’assassin des étudiantes et pour sa mère, Catherine cultive le souvenir de Jean, transformant par exemple un morceau de pyjama en relique. Benoît ne veut plus descendre à la cave. C’est là qu’il a vu des larmes dans les yeux de son fils pendu.

Lorsqu’elle découvre la médiocrité des notes de Jean, Catherine s’accroche à ses illusions. Ne comprenant pas son mal-être, elle le pousse à se battre, pour décrocher ce diplôme d’architecte, dont elle rêve. Plus tolérant, Benoît essaie de se rapprocher de son fils. Il lui propose des parties de pêche, l’encourage à faire du karaté, à fréquenter des amis. Pour l’aider à se disculper, il lui confie même une mésaventure de son enfance. Les Fournier sont des parents protecteurs, qui aiment leur enfant. Mais quand dans un cauchemar, celui-ci revit le massacre, ils révèlent leur impuissance. Dans le chaos du drame, ils s’écriaient : "Jean est sauvé." Comment imaginer que le pire était à venir ?

Donnant le change à ses parents, Jean n’est plus retourné dans son école. Sa fuite après la tuerie le hante : il a laissé mourir ses condisciples. Rongé par le remords, il cherche l’apaisement dans la nature ou... espère une revanche. Il prend des leçons de karaté pour être prêt : "la prochaine fois, je me lèverai et je me battrai". Progressivement la colère et le désespoir vont le rattraper et le détruire. Si l’auteure inscrit sa pièce sur une durée de deux ans, c’est parce qu’"il faut du temps pour que la culpabilité, la rage et l’horreur fassent leur chemin au travers du corps pour atteindre la tête et le coeur."

Commençant par la fin, cette pièce ne joue évidemment pas sur le suspense, mais invite le spectateur à s’interroger sur les comportements des victimes de cette onde de choc. Par sa mise en scène, Georges Lini l’incite à participer activement à la réflexion. Un écran lui permet de s’appuyer sur des indications chronologiques, des phrases-clés et de regarder la télévision, comme les protagonistes. Grâce à un mur vitré, il voit les acteurs se préparer pour la scène suivante. Lini ne s’enferme pas dans le réalisme. Dans une scène courte mais intense, Jean prend à partie le public. Félix Vannoorenberghe, le comédien qui l’incarne, est très prometteur. Aussi vrai dans sa lutte contre ses démons que dans sa passion d’architecte. Sophia Leboutte fait bien sentir les frustrations de Catherine. Méprisée par les riches, cette femme rugueuse met tous ses espoirs dans la réussite de son fils. Le jeu délicat de Luc Van Grunderbeek montre que Benoît est à la fois désabusé et bienveillant. Pièce par moments bouleversante, "December man" nous amène à nous reconnaître partiellement dans cette histoire exceptionnelle. Pas possible d’éluder la question : qu’aurions-nous fait à la place de Jean ?

Jean Campion

Théâtre de Namur


Place du Théâtre, 2
5000 Namur