Cinglée

Dinant | Théâtre | Centre Culturel Régional de Dinant

Dates
Mardi 28 janvier 2020
Horaires
Tableau des horaires
Centre Culturel Régional de Dinant
r. Grande, 37 5500 Dinant
Contact
http://www.dinant.be/culture
info@ccrd.be
+32 82 21 39 39

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Cinglée

De Céline Delbecq
Par la Compagnie de la Bête Noire
Mise en scène : Céline Delbecq
Musique : Pierre Kissling
Avec Yves Bouguet, Stéphane Pirard, Anne Sylvain et Charlotte Villalonga

En Belgique, une femme est massacrée tous les huit jours. Carmen veut à tout prix partager ce qu’elle entend : le silence dans lequel ces crimes s’effacent... Céline Delbecq met tout son talent d’écriture au service d’un texte fort, sensible, d’une brulante actualité.
"Les faits ne cessent pas d’exister parce qu’on les ignore." Aldous Huxley.

"Sa Majesté le Roi, savez-Vous qui sont Carmen Garcia Ortega, Jocelyne Ingabire, Aude Ledoux, Miriam Van Poel et Nathalie Lahaye ?"
Marta Mendes, une immigrée portugaise de 58 ans, collectionne les articles de presse relatant des meurtres conjugaux. Elle les accroche au mur et apprend par cœur la liste des victimes, comme une cinglée. Ces "faits divers" ouvrent en elle comme au couteau l’urgence de partager ce qu’elle entend : le silence dans lequel ces crimes s’effacent. Emportée dans une quête folle de reconnaissance, elle se met à écrire des lettres… au Roi Philippe.

En Belgique, une femme est massacrée tous les huit jours. Pourtant, quelque chose de puissant résiste devant l’ignominie : ces crimes continuent à être relégués comme des "faits divers" isolés les uns des autres. Comment comprendre le silence qui entoure les faits glaçants dont nous sommes les témoins ? Qu’est-ce qui nous définit en tant que sujets humains devant le crime ? Notre capacité à nous "mettre à la place de l’autre" peut-elle être le levier de toute humaine révolte ? C’est cette dernière question qui a emporté Céline Delbecq (L’Enfant Sauvage) vers l’écriture de Cinglée. Un texte fort, intelligent, sensible, d’une brulante actualité, qui sera porté à la scène à partir de l’automne 2019.

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5 Messages

  • Cinglée

    Le 12 octobre 2019 à 12:44 par lucienne

    Extraordinaire !!!!!!! sensible, subtil
    Merci à l’auteur de parler de cette problématique.
    Il faut voir ce spectacle. On en sort bouleversé.

    Répondre à ce message
  • Cinglée

    Le 13 octobre 2019 à 01:58 par afrg

    Sujet grave mais abordé par un biais original, pas plombant. Mise en scène sobre et efficace. Remarquable interprétation de la comédienne principale. A voir !

    Répondre à ce message
  • Cinglée

    Le 16 octobre 2019 à 19:31 par dury olivier

    Nous avons adoré.
    La pièce traite un sujet terrible mais avec une grande originalité, sensibilité.
    Moments très intenses.
    Bravo aux acteurs !

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Lundi 14 octobre 2019, par Jean Campion

Arrêterons-nous l’hémorragie ?

"Qu’est-il nécessaire de dire aujourd’hui ? " Cette question pousse Céline Delbecq à s’attaquer, dans ses pièces, à des problèmes qui minent notre société et justifient les engagements de la dramaturge. Cependant, elle "n’aime pas que les personnages ( ou les acteurs) soient plus intelligents que le spectateur : la naïveté fait entendre l’évidence." Dans ’L’Enfant sauvage" (2016), "un homme" se démarque de la foule indifférente, en s’intéressant à une fillette abandonnée et nous raconte la réalité qu’il découvre derrière les mots : accueil d’urgence, enfants du juge, home, adoption, administration... Marta, l’héroïne de "Cinglée" ignore totalement les luttes féministes. Mais bouleversée par les violences conjugales, elle refuse de rester passive et se déconnecte d’un monde résigné.

Parcourant le journal, elle était tombée sur un article titré : "Le Premier crime conjugal de l’année 2017 en Belgique". Premier laissait entendre qu’il y en aurait d’autres. Effectivement, quelques jours après Carmen Garcia Ortega, Florence Koot mourait sous les coups de son mari. "Ces deux femmes qu’elle ne connaissait pas et qui, tout à coup, devenaient si familières parce qu’elles étaient deux." Le journal noyait ces assassinats dans les statistiques : un tous les huit jours en Belgique, un tous les trois jours en France. Heurtée par cette banalisation, Marta Mendes s’abonne à dix-huit journaux francophones et flamands, qu’elle décortique fébrilement, pour en extraire les articles relatant des féminicides. Elle les affiche et dresse une liste précise des victimes, qu’elle apprend par coeur. Cette lutte acharnée contre l’oubli l’isole de ses voisins et fait enrager son fils Eduardo. Immigrée portugaise, qui a fui la dictature de Salazar, Marta adresse au roi Philippe des lettres pressantes. Peut-être que le "père" de la nation arrêtera ce massacre.

Le soir de Noël, elle écoute attentivement son discours. Pas la moindre allusion à ses appels. Cette déception ne la dissuade pourtant pas de multiplier les messages à Sa Majesté. Mais elle se laisse engloutir dans un silence qui la rend folle. Devant son état de santé qui se dégrade, le médecin, appelé par son fils, avoue son impuissance. Cependant le combat forcené de cette femme contre le déni l’ébranle. Il revoit les traces de coups, la peur qui se lisait sur le visage de certaines patientes. Comme tout le monde, il s’est tu... Eduardo en a marre de poster ces lettres absurdes, mais n’ose pas trahir la volonté de sa mère.

Céline Delbecq a écrit "Cinglée" comme un cri de colère. Elle a ensuite tenté d’adapter ce récit au théâtre, en écrivant des dialogues. Un fiasco. C’est donc, en conservant cette forme narrative, qu’elle l’a mis en scène. Même si parfois Marta apparaît, soit par le corps, soit par la parole, Anne Sylvain ne l’incarne pas. Elle la laisse émerger de ce texte parfois ironique et souvent poignant. Avec une sobriété remarquable. Adoptant un rythme très soutenu, elle nous entraîne dans "la dégringolade" d’une femme simple, naïve, pleine de bon sens et capable de se mettre réellement à la place des victimes. Pas de pathos, mais un constat terrible : l’empathie et la lucidité de Marta la condamnaient à perdre pied dans un monde indifférent. Sous son détachement apparent, Anne Sylvain laisse percer l’indignation de l’autrice.

En écho à la liste des victimes répertoriées par Marta, Charlotte Villalonga et Stéphane Pirard évoquent, dans de brèves scènes physiques, soutenues par une musique angoissante, les menaces qui pèsent sur les femmes. L’évolution du décor imaginé par Thibaut De Coster et Charly Kleinermann marque les étapes du basculement dans la folie. Sa transformation finale débouche sur une image symbolique saisissante. Confirmation de l’ampleur du massacre des femmes. Révoltée par l’inertie ambiante et la médiocrité de certaines réactions, Céline Delbecq a voulu nous sensibiliser à cette ignominie. Objectif parfaitement atteint, grâce à l’impact d’un texte intelligent et à la maîtrise de son interprète.

Jean Campion

Mardi 21 septembre 2021, par Vercez Estelle

Inauguration d’une stèle à la mémoire des victimes de féminicide

En écho au spectacle Cinglée, de Céline Delbecq

En 2017, Céline Delbecq écrit et met en scène le spectacle Cinglée, qui raconte l’histoire d’une femme qui perd pied lorsqu’elle réalise qu’en Belgique, une femme meurt tous les huit jours sous les coups de son conjoint ou de son ex-conjoint et que ce massacre de masse ne fait aucun bruit.

Le spectacle se termine par l’apparition d’une stèle à la mémoire de ces femmes disparues (revoir la fin du spectacle ici : https://youtu.be/4F6TJ5yPC5I). Aujourd’hui, il nous apparaît nécessaire d’aller au-delà de la fiction théâtrale et de sortir cette stèle dans la rue.
C’est à l’issue d’une des représentations que Pauline Nottebaert (maison de la culture de Tournai), Jacky Legge (Commission des Cimetières) et Céline Delbecq (Compagnie de la Bête Noire) se retrouvent autour d’un verre et commencent à envisager ensemble les possibilités de rendre concret ce projet...

Son emplacement : à la lisière du théâtre et de la ville
Nous avons décidé que la stèle serait située sur l’esplanade Georges Grard, entre la maison de la culture de Tournai et la ville. Cet emplacement symbolique veut rappeler que le théâtre est un lieu ouvert sur l’extérieur, où se racontent les histoires et les récits de la cité.

Comment choisir les noms qui apparaîtront sur la stèle ?
Ce fut la question douloureuse. Il était impossible de mettre le nom de toutes les victimes puisque, d’une part, elles ne sont pas recensées (mais devraient l’être bientôt) et, d’autre part, le féminicide continue de tuer des femmes chaque semaine.
Après réflexion, nous avons décidé de choisir les noms des 100 dernières victimes avant les représentations de Cinglée à la maison de la culture de Tournai, c’est-à-dire avant le 5 novembre 2019.
Par ailleurs, nous avons décidé de ne construire qu’une partie de la stèle : le socle laisse clairement apparaître qu’il manque des noms, et qu’il s’agit d’une liste sans fin.

L’équipe de construction
Il était évident que les scénographes de la stèle devaient être les scénographes du spectacle Cinglée Thibaut De Coster et Charly Kleinermann, ainsi que le constructeur Vincent Rutten.

Financement
Le projet a pu être financé grâce à la Ville de Tournai (Commission des Cimetières), la maison de la culture de Tournai et la Compagnie de la Bête Noire.

Inauguration le 27 septembre 2021, à 18h - Esplanade Georges Grard
(en face de la maison de la culture de Tournai)

Au programme :
• Lecture de Phare, de et par Céline Delbecq (10 min)
• Prises de parole de Paul-Olivier Delannois (Bourgmestre de la Ville
de Tournai), Anaëlle Kins (Directrice de la maison de la culture de Tournai), Kathy Contreras (Vie Féminine Tournai), Céline Delbecq (Cie de la Bête Noire), Maryse Hendrix (Amnesty International), Philippe Robert (Président de la Commission des Cimetières)
suivi d’un verre de l’amitié à la maison de la culture

MERCI DE CONFIRMER VOTRE PRESENCE PAR MAIL :
cathy_stievenard@maisonculturetournai.com

Centre Culturel Régional de Dinant