Cherche l’amour

Woluwe-Saint-Lambert | Spectacle | Théâtre de Wolubilis

Dates
Du 11 au 12 octobre 2018
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Wolubilis
Cours Paul-Henri Spaak, 1 1200 Woluwe-Saint-Lambert
Contact
http://www.wolubilis.be
d.crista@woluwe1200.be
+32 2 761 60 30

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Cherche l’amour

Si l’amour se choisissait sur catalogue, ça se saurait, non ? Pourtant, chacun passe commande, espérant être livré. Il y a les jeunes, les vieux, les hétéros et les homos, les coincés, les libertins… ceux qui veulent se caser et les éternels dragueurs. À une cadence d’enfer, quatre comédiens endossent une série de profils qui se rencontrent en tête-à-tête dans un bar, s’entrechoquent et finissent parfois par s’emboîter. Le marché de l’amour vu par Myriam Leroy, c’est forcément cynique et terriblement drôle.

Distribution

Avec : Myriem Akheddiou (en alt. Nicole Oliver), Sandy Duret, Pierre Poucet, Marc Weiss › Scénographie : Thibaut De Coster, Charly Kleinermann › Lumières : Alain Collet › Son : Laurent Beumier › Production : Théâtre de la Toison d’Or

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2 Messages

  • Cherche l’amour

    Le 26 octobre 2016 à 17:35 par Joenath

    Une succession de scénettes interprétées par 4 comédiens, montrant les rencontres qu’on peut faire après un contact sur internet. C’est divertissant, drôle, bien joué. Bref on passe une bonne soirée.

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Lundi 7 novembre 2016, par Jean Campion

Un Marché de dupes

Depuis plus d’un siècle, les journaux publient des "petites annonces matrimoniales". Dans notre société ultra-connectée, cette rubrique au charme désuet est balayée par la prolifération de sites de rencontres. Tinder, Meetic, Facebook prétendent faciliter l’adéquation entre l’offre et la demande. Adopteunmec.com considère l’homme comme un objet, que la femme décide ou non de "mettre dans son panier". Ces gens qui choisissent l’amour sur catalogue, qui se prêtent au speed-dating, qu’espèrent-ils ? Eléments de réponse dans "Cherche l’amour". Huit rencontres édifiantes, que l’ironie mordante de Myriam Leroy rend cruellement drôles.

Pour mieux se vendre, beaucoup s’attribuent des profils flatteurs et cachent leurs intentions. Il faut parfois peu de temps pour que les masques tombent. François, garagiste, cherche une femme avec un beau châssis. Pour entamer une relation durable. A 45 ans, il est temps de se caser ! Le contraire de Sophie qui désire simplement une aventure d’un soir. Intentions divergentes et personnalités antagonistes. La libraire se moque de ce rustre "qui fait des fautes d’orthographe à l’oral". François coucherait bien avec cette quadragénaire rondelette, mais il aurait honte de s’afficher en sa compagnie. Le rendez-vous donné par un rédacteur en chef à une jeune journaliste apparaît vite comme un traquenard. Quand ce vieux beau de 55 ans, indifférent à ses projets, se montre trop entreprenant, elle le gifle et l’écrase de son mépris. Au nom de toutes celles qui refusent la promotion canapé.

Même réaction d’amour-propre chez Vanessa, humiliée par Kevin. Obsédé par la réussite, ce jeune loup de la finance la presse de questions sur son métier. Peut-être est-elle la "super winneuse" qu’il convoite. Lorsqu’elle lui avoue que sa seule ambition est d’utiliser son corps pour prendre et donner du plaisir, il la rejette. Pas question de payer une escort-girl. Si Myriam Leroy fustige les comportements machistes, elle ridiculise aussi les femmes capricieuses. Témoin cette fille branchée qui, en se regardant le nombril, n’arrive plus à donner un sens au tête-à-tête, qu’elle avait accepté. Du coup, elle tue la rencontre dans l’oeuf, sans le moindre égard pour son partenaire. Prétexte : il n’a aucun goût, puisqu’il porte une chemise à manches courtes.

Tentés par l’offre démultipliée des sites de rencontres, ces personnages essaient d’échapper à leur extrême solitude. Mais on ne les plaint pas. Si ces rendez-vous tournent aux fiascos, c’est à cause de leur méfiance, de leur besoin de garanties, de leur peur de se livrer, de leur égoïsme, de leur mesquinerie, de leur prétention, de leur hypocrisie. Soulignés par la plume acerbe de l’auteur, ces défauts nous poussent à éclater de rire devant les déboires du notaire échangiste ou devant la conversation absurde entre deux vieux homos, que tout oppose. Le romantisme de la dernière séquence confirme l’importance de la sincérité dans les rencontres amoureuses.

Nathalie Uffner, la metteuse en scène, a réussi à intégrer les sketchs dans un spectacle fluide, sans temps mort, en misant sur des intermèdes musicaux, sur l’animation du bar et sur la plongée dans les coulisses. Nous voyons les acteurs jouer les caméléons. Cette complicité avec le public est renforcée par des apartés, qui éclairent quelques séquences. Myriem Akheddiou, Sandy Duret, Pierre Poucet et Marc Weiss changent allègrement de peau, pour camper des personnages truculents. Certaines caricatures font mouche, d’autres moins. Si Pierre Poucet incarnait un patron moins m’as-tu vu et plus manipulateur, il justifierait davantage la révolte indignée de sa victime. Les dialogues incisifs, parfois cinglants sonnent juste et permettent aux comédiens d’imposer rapidement un nouveau personnage. Dommage que ce spectacle nerveux laisse s’étirer une discussion laborieuse sur la tromperie dans la relation amoureuse. Un bémol qui ne masque pas les qualités de cette première pièce de Myriam Leroy. Par son humour caustique, elle rend cocasses ces rendez-vous ratés et nous vaccine contre le marché de l’amour.

Jean Campion

Théâtre de Wolubilis